Très prisée au XVIII^e siècle, la harpe a aussi inspiré les compositeurs du siècle dernier qui l’ont souvent associée aux cordes. Quant à Beethoven, il ne l’employa qu’une seule fois, lui réservant un solo magnifique dans son ballet Les Créatures de Prométhée. Jacques Ibert écrivit son Trio pour violon, violoncelle et harpe à la suite d’un échange de cigarettes (très rares dans la France de 1944) avec sa fille, excellente harpiste. Il représente une oasis de paix bienvenue dans cette époque traversée de bruit et de fureur. D’une prolixité extraordinaire autant qu’anachronique, le compositeur brésilien Heitor Villa-Lobos, grand ami de la France où il étudia et où il séjourna souvent, écrivit pour toutes sortes de combinaisons instrumentales rares, tel ce splendide Quintette instrumental. Ce dernier a été composé en 1957 dans un style ne devant rien au folklore et tout à l’esprit français qu’il aimait tant. Es ist Dreck ! [c’est de la saleté] avait déclaré Beethoven à propos de son Quatuor à cordes. Jugement injuste et peu amène pour une œuvre dans laquelle le jeune compositeur est au contraire en pleine maîtrise de sa première manière.