Bien que créé dans ce temple de l’opéra qu’est la Scala de Milan sous la direction d’Ernest Ansermet en 1948, la Messe appartient à la dernière période de Stravinski. Conçue pour faire partie de la liturgie catholique romaine, elle est volontairement « froide, absolument froide » d’un dépouillement extrême et austère. À cette époque, Stravinski se passionne pour les musiciens de l’Ars nova du XIV^e siècle, et en particulier pour la Messe de Nostre-Damede Guillaume de Machault. Une dizaine d’années plus tard, alors qu’il commence à utiliser la technique sérielle, il découvre l’étrange musique de Carlo Gesualdo et complète Tres Sacrae cantiones laissées inachevées, puis il arrange trois madrigaux à l’occasion des 400 ans de la naissance du compositeur napolitain sous la forme d’un Monumentum pro Gesualdo da Venosa créé au Palais des Doges de Venise en 1960, puis chorégraphié par George Balanchine pour son New York City Ballet. L’occasion est trop belle de pouvoir entendre au cours de ce concert les sources, puis la réalisation qu’elles ont inspirées à un des plus grands compositeurs du XX^e siècle dans des œuvres restées très confidentielles.

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