Morphosis  pour 42 instruments (2018)
Création le 11 avril 2018 à Maribor | Kammerorchester Basel | Direction William Blank

Au XIX^e siècle,  composer pour l'effectif exact de la 5^e Symphonie de Beethoven (sans les timbales) permet-il de retrouver une écriture "pure", une écriture qui ne peut s'enrichir de la richesse des timbres de la modernité et de ses miroitements, révélés notamment par l'emploi des percussions, du piano, de la harpe ou des multiples lutheries contemporaines?

Pour tenter de répondre à cet enjeu et proposer une lecture renouvelée de la tradition, Morphosis n'est pas écrit pour un orchestre comme on le faisait aux XVIII^e et XIX^e siècles mais bien pour 42 instruments. Au sein de cet ensemble, chaque instrumentiste acquiert, par endroits, une place prépondérante à travers de nombreux épisodes mis en relief par une écriture véritablement solistique. Si les bois ont la part belle (avec des passagestrès brillants dédiés à la flûte, au hautbois ou à la clarinette) les sept cuivres ne sont pas en reste, mais jouent plutôt un rôle de "chœur instrumental", à l'exception du cor. Cependant, la plus grande différence s'entend surtout aux cordes. Les vingt-six instruments sont en effet rarement traités de manière classique, en tutti, mais vraiment comme un corps sonore multiforme, où les différentes combinaisons possibles sont exploitées: quatuor, octuor, ensemble à cordes ou formations intermédiaires, ainsi que diverses parties solistes virtuoses destinées principalement au violon, à l'alto et au violoncelle.

Morphosis (qui est un terme utilisé en biologie) signifie la manière dont un organisme ou l'une de ses parties modifie sa forme et se développe. Par analogie, c'est ce que l'œuvre propose dans sa forme en un seul mouvement, alternant des caractères variés, successivement : Calme, Grave, Véhément, Allant, Vif et Immobile.  

William Blank